Skip to main content

Biélorussie Histoire d’un Pays, 1986

La Biélorussie

1986 Tchernobyl

Tchernobyl en image 

La Catastrophe minute par minute

L’accident

Le 26 avril 1986, le réacteur n°4 est entièrement détruit par une explosion suivie d’un incendie au cours d’un essai de fonctionnement à faible puissance. Cette catastrophe est due, non seulement aux défauts de conception du réacteur, mais également aux erreurs du personnel, insuffisamment formé, et à la procédure de contrôle de fonctionnement, incomplète et imprécise.

Afin de tester le refroidissement du cœur, la puissance du réacteur est réduite le faisant ainsi travailler dans une zone de fonctionnement instable. Ignorant les signaux d’arrêt d’urgence émis par le système de sécurité, le personnel continue l’essai. Les vannes d’admission de la turbine sont fermées, en violation de la procédure normale, entraînant une augmentation de la pression de la vapeur. Les barres de contrôle descendent automatiquement mais sans effet notable.

Le chef opérateur ordonne alors l’arrêt d’urgence et fait descendre la totalité des barres sans parvenir à stopper l’emballement du réacteur. En quelques secondes, le réacteur atteint une puissance de l’ordre de 100 fois sa valeur nominale provoquant l’échauffement du fluide caloporteur (eau courante) et une détérioration du combustible.

L’eau, qui ne parvient plus à évacuer la chaleur, se vaporise en une fraction de seconde et produit une explosion de chaleur qui détruit le réacteur. La partie supérieure du réacteur est à l’air libre. Le graphite, porté à haute température, s’enflamme alors. Les nombreux foyers d’incendie et l’absence d’enceinte de confinement favorisent la dispersion dans l’atmosphère de produits radioactifs.

Explosions et incendies se multiplient pendant plus de 10 jours et plus de 5 mois seront nécessaires pour arrêter le rejet de matières radioactives.

explosion

centrale

L’explosion de la centrale No 4

Le « nuage » de Tchernobyl

carte_radioactivite_tchernobyl

La carte des zones de retombées radioactives

Suite à l’explosion du réacteur n°4, un incendie s’est déclaré provoquant un panache de fumée de produits de fission et de débris radioactifs provenant du cœur du réacteur et du bâtiment.

Les débris les plus lourds se sont rapidement déposés à proximité du site mais les composants les plus légers (ces composants sont principalement des produits de fission et des gaz rares) ont été entraînés au gré des vents sur toute l’Europe, constituant le « nuage » de Tchernobyl.

Après être montés à près de 2000 m d’altitude, les gaz radioactifs ont formé trois ‘nuages’ : vers la Scandinavie, l’Europe Centrale et les Balkans selon la direction des vents. La Biélorussie située au nord de Tchernobyl est probablement un des pays où la radioactivité a été la plus grande.

Depuis avril 1986, de nombreuses études ont été menées dans les pays touchés par les retombées de l’accident. Elles visent principalement à évaluer les conséquences radiologiques, dosimétriques et sanitaires des retombées de Tchernobyl.

Celles-ci ont été essentiellement constituées par les éléments volatiles : Krypton, Xénon, Iode, Césium, notamment Césium 137 qui est responsable de la majeure partie des expositions actuelles ou futures. Les isotopes lourds à longue demi-vie (Plutonium ou Strontium) ne sont pas très volatiles.

C’est durant le mois de mai que cette grande quantité d’éléments radioactifs est retombée sur l’Europe. Le nord de l’Ukraine, la Biélorussie (70% des retombées) ont été les régions les plus contaminées.

La Pologne et la Tchécoslovaquie ont été particulièrement contaminées aussi et à un degré moindre l’Allemagne, la France, la Suisse et l’Italie.

La « zone des trente kilomètres »

Après l’explosion de Tchernobyl, une zone d’exclusion de 4000 km² a été définie autour de la centrale. Ce périmètre, encore interdit à toute habitation et pratiques agricoles, comprend un cercle d’un rayon de trente kilomètres autour du site de Tchernobyl, dit « zone des trente kilomètres », où l’activité des sols atteint plusieurs millions de becquerels par mètres carré.

ZoneExclusionNew

Zones d’exclusion

Cette carte de la contamination du césium-137 montre la zone d’exclusion autour du réacteur de Tchernobyl définie par un cercle de 30 kilomètres de rayon.

Du 2 au 6 mai 1986, des milliers de personnes habitant dans ce périmètre très contaminé furent sommées d’abandonner leurs biens et évacuées vers des lieux d’accueil plus ou moins provisoires. Au total, 130 000 personnes furent évacuées, dont les 48000 habitants de la ville de Prypiat à proximité immédiate du réacteur.

La zone d’exclusion englobe la ville de Tchernobyl, située à 12 km de la centrale et 74 hameaux. Aujourd’hui, 400 personnes, souvent âgées, sont revenues à Tchernobyl et des centaines d’autres travaillent encore à la centrale qui reçoit de nombreux visiteurs.

À Prypiat même, comme dans les premiers 10 km autour de la centrale, le contrôle est absolu et personne n’est autorisé à y habiter. Au-delà, sont interdits toute production agricole, tout transit de personnes et de marchandises.

Les liquidateurs

PompiersTcherno

Contamination

liqui

Liquidateur est le nom que le gouvernement soviétique avait donné aux hommes dont la tâche était littéralement de liquider l’accident nucléaire, de faire disparaître toute trace de celui-ci: qui de ramasser les déchets nucléaires, qui de nettoyer la zone irradiée, qui de préparer les repas, qui de mesurer les niveaux de radiation, qui de remplir des sacs de sable, qui de laver les vêtements, qui de piloter les hélicoptères, etc.

Quoiqu’aucun chiffre exact n’existe quant à leur nombre, les autorités soviétiques n’ayant jamais divulgué cette information ou celle-ci n’existant tout simplement pas, celui-ci est estimé entre 500,000 et 1 million d’hommes et de femmes, mais de façon plus vraisemblable plus près du million, sinon plus, dépendant des sources d’information.

C’est le toit du réacteur no. 3 que l’on voit ici. Celui-ci était mitoyen au réacteur no. 4 qui avait explosé et dont les débris radioactifs jonchaient les alentours, dont ce toit. Les liquidateurs avaient pour tâche de ramasser à la pelle ces débris et de les jeter dans le trou béant du réacteur no. 4.

Après avoir enfilé leur protection de plomb, les hommes se lançaient sur le toit au son d’une sirène et en repartaient en courant 60 secondes plus tard au son de la même sirène afin d’être remplacés par une nouvelle équipe. À cause du poids de leur protection de plomd, les liquidateurs n’avaient le temps de ramasser que 2 ou 3 morceaux avec leur pelle pendant la minute qui leur était allouée.

Théoriquement, ils ne devaient jamais revenir sur le toit, ayant absorbé une dose maximum de radiations. Mais certains d’entre eux faussaient les données du taux de radiation que leur corps avait absorbé pendant ces 60 secondes afin de pouvoir retourner sur le toit, la prime versée par le gouvernement soviétique étant trop alléchante (la prime pouvait aller jusqu’à 5 fois le salaire normalement touché par ces hommes, sans compter les promesses faites par Moscou -mais qui ne furent jamais tenues- de primes supplémentaires tel qu’une auto, une ”datcha” (maison), etc.).

monument

Finalement, voici le monument qui a été installé sur les lieux mêmes de la centrale, tout juste à côté du sarcophage qui recouvre maintenant le réacteur no. 4.

Le « sarcophage »

The sarcophagus around Chernobyl reactor 1

Le « sarcophage » désigne la structure de béton et d’acier construite dans les sept mois qui ont suivi l’accident afin de reconstituer les parties détruites de la centrale de Tchernobyl et confiner ainsi les matières radioactives.

Lors de sa construction, le sarcophage a été équipé de différents systèmes, permettant de surveiller son comportement. Ainsi, des capteurs mesurent la température de la structure, sa stabilité ou encore la concentration interne d’hydrogène ; Par ailleurs, d’autres systèmes ont été mis au point pour diminuer les conséquences de toute nouvelle condition défavorable, comme un circuit de pompage permettant de retirer l’excédent d’eau dû à la non étanchéité du sarcophage.

Bâti pour une durée de 20 à 30 ans, le sarcophage présentait dès 1996 plusieurs faiblesses (ex. fragilité au niveau du toit). Face à ce constat, un programme d’actions d’une dizaine d’années a été mis en place en 1997 visant à réduire les risques présentés par le sarcophage, notamment le risque présenté par l’effondrement. Le financement de ce programme est assuré par le gouvernement ukrainien et par un fonds international. La Berd en assure la gestion.

Parmi les travaux déjà réalisés : la stabilisation de la cheminée de ventilation commune aux réacteurs 3 et 4 et le renforcement des poutres portant le toit du sarcophage. Un nouvel appel d’offre de la Berd pour construire un nouveau sarcophage sur le réacteur accidenté devrait être finalisé au premier semestre 2006.

Les pays les plus touchés par l’accident

Les pays les plus touchés par l’accident de Tchernobyl sont ceux qui ont subi les plus fortes retombées radioactives. Il s’agit de la Biélorussie (23% de son territoire touché), de l’Ukraine (7% de son territoire touché) et de la Russie (0,3% du territoire touché). 4000 km² de terres sont d’ailleurs encore interdits à toute habitation et pratiques agricoles, l’activité des sols étant trop élevée.

tcherno_humour

La situation en Biélorussie

Situation

De ce point de vue, l’expérience de la Biélorussie est cruciale pour imaginer ce qu’il faudrait faire. Situé au nord de l’Ukraine, ce pays qui ne possède pas de centrale nucléaire, a reçu 70 % des retombées radioactives de l’explosion de 1986. Un million et demi de personnes vivent dans des zones où les sols présentent une radioactivité supérieure à 37 000 becquerels (Bq) par m2. Cela se traduit par une morbidité importante.

La Biélorussie est le territoire qui a subi la plus grande partie des retombées radioactives de l’accident de Tchernobyl (70 % du terme source). Cette contamination concerne un quart de son territoire et près de 2 millions de personnes. Les territoires contaminés sont classés suivant 4 niveaux en fonction des densités de contamination des sols. La gestion nationale des conséquences de l’accident de Tchernobyl (aide financière, politique de relogement, etc.) dépend ensuite du statut d’appartenance du territoire considéré.

Biélorussie Histoire d’un Pays, depuis 2010

logo

 La Biélorussie

Depuis 2009

by0001-(3)

Alexandre Loukachenko de nouveau président pour 4 ans, mais il a fait chaud !

by0001-(2)
Arrêtés lors des manifestations contre la réélection dimanche du président biélorusse Alexandre Loukachenko, près de 600 opposants ont été condamnés à des peines de prison allant de 5 à 15 jours.

AFP – Près de 600 opposants bélarusses ont été condamnés à des peines dites « administratives » allant jusqu’à 15 jours de prison, et risquent jusqu’à 15 ans d’incarcération si leur participation à des « troubles massifs à l’ordre public » est prouvée, a annoncé mardi la police.

« Les décisions judiciaires ont été prises à l’encontre de plus de 580 personnes qui ont participé à l’action de l’opposition à Minsk (le soir de la présidentielle de dimanche, ndlr). Dans l’ensemble, ce sont des peines administratives allant de 5 à 15 jours de prison », a-t-il dit.

« Plusieurs personnes ont été relâchées dont les mineurs et les parents de deux enfants au moins », a poursuivi le général Farmagueï.

« Des citoyens étrangers dont des journalistes ont également été relâchés », a-t-il poursuivi.

Le président Loukachenko a fait état lundi soir de 639 opposants détenus à l’issue de la manifestation, des « vandales » selon lui, auxquels il a promis la prison.

Un porte-parole de la police a souligné que les condamnations pourraient être plus graves.

« On ne peut pas garantir qu’au bout de 15 jours, ils sortiront de prison. On vérifiera l’implication de chacun dans les troubles massifs. Nous avons suffisamment de photos et de vidéos », a déclaré à l’AFP Alexandre Lastovski, porte-parole de la police de Minsk.

Dans le cadre de l’enquête ouverte pour « troubles massifs à l’ordre public », les opposants risquent jusqu’à 15 ans de prison, a-t-il souligné.

Le président du Bélarus, Alexandre Loukachenko, a rejeté lundi les critiques occidentales sur sa réélection dimanche, qualifiant de « banditisme » la manifestation violemment réprimée la veille et promettant la prison aux centaines de personnes arrêtées.

L’autoritaire président de cette ex-république soviétique, au pouvoir depuis 16 ans, a obtenu près de 80% des suffrages au premier tour de scrutin, selon les chiffres provisoires de la commission électorale.

Sept des neuf candidats de l’opposition à la présidentielle ont été interpellés dans la nuit de dimanche à lundi à Minsk, après la dispersion sans ménagement de milliers d’opposants qui dénonçaient des fraudes massives. Ils avaient tenté de forcer l’entrée du siège gouvernemental.

by0001-(1)

Dmitri Medvedev a exprimé un espoir que le Bélarus poursuivrait la voie vers la démocratie après les présidentielles du dimanche.

 » J’espère qu’à la suite de ces élections le Bélarus poursuive son chemin vers l’organisation d’un Etat, fondé sur la démocratie et l’amitié avec ses voisins « , a dit M. Medvedev à une conférence de presse à Moscou.

Il a, d’autre part, estimé que le scrutin tout comme ce qui se passait actuellement au Bélarus étaient son affaire intérieure.

Le président sortant Alexandre Loukachenko a recueilli près de 80 % des voix, suivant des résultats partiels, contestés par l’opposition bélarusse.

bypla

Photo: RIA Novosti

Biélorussie Histoire d’un Pays, élections présidentielles 2010 en image

Un mélange de révolution démocratique et de provocation des services spéciaux – c’est ainsi que les opposants et les journalistes caractérisent ce qui s’est produit dans la nuit du 19 au 20 décembre à Minsk.

Des  » étrangetés  » dans le comportement des autorités ne manquaient pas cette nuit-là. La colonne des partisans de l’opposition avançait relativement longtemps jusqu’à la Place de l’Indépendance Les autorités avaient suffisamment de temps pour barrer l’accès au siège du gouvernement par la milice.

Or les opposants n’ont rencontré que de minces lignes de miliciens, qui peu après se sont retirées de la place. Cela ressemblait à une souricière organisée spécialement pour les opposants.

Ayant permis à la foule de briser quelques vitres des locaux gouvernementaux, pour que cela ressemble à une tentative d’un coup d’État, les unités spéciales de la milice sont revenues en nombre pour encercler les manifestants sur la place : la souricière s’est refermée. Plus de 600 personnes ont été interpellées rien que cette nuit, or ce n’est pas un chiffre définitif, dit Pavel Cheremet qui dirige le site  » Partisan de Bélarus « .

Parmi les arrêtés – le candidat à la présidence Andreï Sannikov et son épouse, la journaliste connue Irina Khalip. Leur sort, comme celui de beaucoup d’opposants arrêtés par les autorités, inquiète, dit Pavel Cheremet :

 » Sannikov et sa femme Khalip sont arrêtés, le lieu de leur détention était longtemps caché. Mais à présent on sait que M. Sannikov se trouve dans la maison d’arrêt du KGB avec d’autres principaux militants de l’opposition, tandis que Khalip serait retenue dans une prison du ministère de l’Intérieur rue Okrestine. Deux perquisitions ont été opérées à leur domicile en leur absence « .

L’ambassade de Russie éclaircit le sort de 9 Russes, interpellées au cours des événements.

Les observateurs de l’OSCE n’ont pas reconnu les résultats des présidentielles au Bélarus, en qualifiant le calcul des voix de  » mauvais ou de très mauvais « . Amnesty International a condamné la dispersion sans ménagement de la manifestation pacifique et a exigé de Minsk d’enquêter un recours disproportionné à la force.

Les défenseurs russes des droits de l’homme ont également condamné les actions des autorités bélarusses. Le groupe  » Mémorial  » a diffusé une déclaration où il est dit que la cause des événements à Minsk est évidente : les élections au Bélarus ont perdu leur contenu et leur sens.

Biélorussie Histoire d’un Pays, de 1994 à 2009

logo

La Biélorussie

De 1994 à 2009

Après l’Ukraine, la Lettonie et la Russie, la Biélorussie déclara sa souveraineté nationale le 27 juillet 1990[5], ce qui constitua un premier pas vers l’indépendance. La RSS de Biélorussie fut nommée officiellement République de Biélorussie le 25 août 1991. Dans le même temps, Stanislaw Chouchkievitch devenait président du Soviet suprême de Biélorussie, l’instance la plus élevée du pays. Le 8 décembre de la même année, il rencontra près de Brest les dirigeants russes et ukrainiens Boris Eltsine et Leonid Kravtchouk ; ils déclarèrent ensemble la dissolution officielle de l’URSS et la création de la Communauté des États indépendants, qui a par ailleurs son siège à Minsk.

800px-Flag_of_Belarus_(1991-1995)

Drapeau de la République de Biélorussie de 1991 à 1995

Les premières années de la Biélorussie indépendante furent d’abord marquées par un enthousiasme des milieux nationalistes et libéraux, mais aussi par l’hostilité du reste de la population. Celle-ci restait toujours très attachée au communisme, et le Front populaire biélorusse, principal parti libéral, n’obtint que 22 sièges sur 485 aux premières élections législatives.Les réformes libérales lancées par le président ne purent finalement jamais aboutir, et le soviétisme survit à la chute de l’Union soviétique en Biélorussie.

Le pays abandonna néanmoins son drapeau et ses armes datant de l’époque soviétique pour des symboles plus historiques et nationalistes ; le Pahonie et le drapeau blanc, rouge, blanc, qui évoquent tout deux la principauté de Polotsk et la République populaire biélorusse. Le biélorusse, devenu la seule langue officielle, fut largement plébiscité par la population.

475px-Pahonia

Le Pahonie, armoiries de la Biélorussie de 1991 à 1995 et héritage médiéval du pays

En 1994,

lors des premières élections présidentielles, Alexandre Loukachenko, qui avait fait un rapport prouvant la corruption de Stanislaw Chouchkievitch, est élu président. Contrairement à son prédécesseur, il reçoit l’appui des communistes et surtout celui des agriculteurs ; il est lui-même issu d’un milieu rural modeste et très peu sensible au nationalisme biélorusse et aux idées libérales.

Nostalgique de l’époque soviétique et de l’union de la Biélorussie à la Russie, Loukachenko freine rapidement la transition économique, porte des coups durs à l’identité biélorusse, et cherche des accords et un rapprochement avec la Fédération de Russie. Ainsi, en 1997, il signe avec Boris Eltsine le traité d’Union russo-biélorusse. Ce traité permet à Alexandre Loukachenko d’envisager une union politique et monétaire avec la Russie ; il instaure aussi des tarifs préférentiels entre les deux pays pour le commerce, ce qui évite à la Biélorussie la pénurie. Le rapprochement entre la Biélorussie et la Russie est néanmoins arrêté lorsque Vladimir Poutine arrive au pouvoir en 2000.

Par des référendums, Alexandre Loukachenko fait adopter à la Biélorussie un nouveau drapeau, proche de celui de l’époque communiste, il rétablit le russe comme langue officielle et en 1996, il amende la constitution afin d’augmenter son pouvoir présidentiel et la durée de son mandat de deux ans. Sa politique autoritaire est dans un premier temps plutôt bien acceptée par les Biélorusses, car en dépit de la perte de leurs libertés et de leur identité nationale, ils bénéficient d’un taux de chômage contrôlé et de salaires meilleurs que dans les autres anciennes républiques soviétiques.

Loukachenko est réélu en 2001, puis en 2006, même si ces dernières années, les protestations augmentent encore, surtout depuis la Révolution orange ukrainienne. Les démocraties voient également Loukachenko d’un mauvais œil, et n’hésitent pas à classer la Biélorussie parmi les dictatures.

Élu le 20 juillet 1994 et réélu en 2001 et 2006, sa présidence est controversée en raison du manque de liberté politique. Ses détracteurs le qualifient d’autoritaire et dictatorial alors que ses partisans estiment que sa politique a permis d’éviter au pays les pires effets de l’instauration du capitalisme de l’ère post-soviétique.

ALEXANDER LUKASHENKO

Alexander Lukashenko à Kopys

En 2005, un rapport de la Banque mondiale juge que « l’économie biélorusse est réelle et robuste », et que les bénéfices sont largement redistribués à la population. Sous la présidence de Loukachenko le chômage est officiellement inférieur à 2 %, la pauvreté a diminué et le revenu moyen par habitant est plus important que dans beaucoup d’autres anciens pays de l’Union soviétique, y compris l’Ukraine, même si la croissance économique biélorusse repose en partie sur des tarifs préférentiels que lui concède la Russie notamment en matière énergétique.

Sur la scène internationale la Biélorussie de Loukachenko est isolée à l’exception de ses rapports entretenus avec la Russie. Loukachenko est couramment qualifié de « dernier dictateur d’Europe » en référence à la restriction continuelle des libertés publiques dans son pays, d’après ses adversaires. Il est aujourd’hui interdit de séjour dans l’Union européenne et aux États-Unis. La Biélorussie n’étant pas considérée comme une démocratie par une majorité des médias et politiciens occidentaux, elle n’a pu rejoindre le Conseil de l’Europe. Cependant, l’Union européenne semble depuis début 2009 reconsidérer sa politique à l’égard de Minsk après avoir offert un partenariat oriental à plusieurs pays de l’ex-Union soviétique sans en exclure la Biélorussie.

Débuts politiques

Loukachenko est né dans le village de Kopys de ce qui était alors la République soviétique socialiste de Biélorussie. Son père était originaire de la région de Soumy en Ukraine. Il est diplômé de l’institut d’enseignement Moguilev en 1975. De 1975 à 1977 et de 1980 à 1982, Loukachenko sert dans l’armée comme garde frontière. En 1982, après avoir quitté l’armée il devient le vice-président d’une ferme collective et en 1985 il est promu au poste de directeur de l’usine de matériaux de construction de fermes d’État de Haradziets dans le district (raïon) de Chklow. En outre en 1985 il obtient un diplôme de l’académie agricole de Biélorussie.

En 1990, Loukachenko est élu comme député au Conseil suprême de la République biélorusse, son premier pas en politique. Il fonde un groupe politique nommé « des communistes pour la démocratie », qui défend une Union soviétique démocratique basée sur des principes communistes. Il prétend avoir été le seul député à voter contre la ratification de l’accord de décembre 1991 concernant la dissolution de l’Union soviétique et la création de la CEI. Au lendemain de la dissolution de l’URSS, Loukachenko retourne brièvement gérer une ferme d’État.

Belarus_KGB

Belarus KGB logo

Ayant acquis une réputation d’éloquent opposant à la corruption, Loukachenko est élu en 1993 pour servir comme président au comité anti-corruption au parlement biélorusse. Bien qu’il maintienne une étroite association avec les partis communistes, il tombe en disgrace à la suite de ses critiques répétées contre la corruption et les privilèges de la nomenklatura. À la fin de l’année 1993, il accuse 70 hauts fonctionnaires, et notamment Stanislaw Chouchkievitch, le président du Parlement, de corruption incluant détournement de fonds à des buts personnels. Les accusations de Loukachenko conduiront à la tenue d’un vote de confiance que Stanislaw Chouchkievitch perdra. Par la suite les accusations de Loukachenko se révèleront infondées.

Premier mandat présidentiel

Une nouvelle Constitution est votée au début de l’année 1994 menant ainsi à une véritable élection présidentielle démocratique tenue début juillet de la même année. Six candidats sont en lice, dont Loukachenko, Chouchkievitch et Vyatchaslaw Kiebitch. Ce dernier est le grand favori mais, à la surprise de tous, Loukachenko dont la campagne a pour thème « vaincre la mafia » remporte le premier tour avec 45 % des voix. Le 10 juillet au second tour Loukachenko gagne avec plus de 80 % des voix.

Loukachenko agit rapidement pour « stabiliser l’économie ». L’une de ses premières mesures est de doubler le salaire minimum. Il introduit un contrôle des prix et abroge les quelques réformes économiques qui avaient été menées. Il fait face à l’énorme problème de ranimer une économie communiste dans un pays de 10,4 millions d’habitants entourés par des pays capitalistes émergents. La Biélorussie est complètement dépendante du gaz et de l’électricité importée de Russie payés à prix préférentiels. L’absence de moyens financiers pour payer les importations russes fit alors de la coopération économique avec la Russie une nécessité pour la Biélorussie.

Belarus-Minsk-25mars2005-1-3

Manifestation antigouvernementale, à Minsk, en Biélorussie, le 25 mars 2005

Durant les deux premières années de son mandat présidentiel, Loukachenko fait face à une opposition virulente. En 1995 la Banque mondiale et le FMI suspendent les prêts financiers à la Biélorussie à cause du manque de réformes économiques.

Renforcement des pouvoirs présidentiels et dérives autoritaires

Lors de l’été 1996, 70 députés sur les 110 que compte le parlement biélorusse signent une pétition pour empêcher Loukachenko de violer la Constitution. Loukachenko invite des officiels russes de premier plan pour jouer les « médiateurs » tel Viktor Tchernomyrdine et éviter que soit voté une motion de censure. Peu de temps après, en 24 novembre 1996 Loukachenko fait organiser un référendum en vue d’étendre son mandat de quatre à sept ans, mais aussi d’élargir ses pouvoirs comme de pouvoir fermer le Parlement. Le 25 novembre Loukachenko annonce que 70,5 % des votants ont voté « oui » avec une participation de 84 %. La manière dont la campagne a été menée est vivement condamnée. Le gouvernement a banni l’opposition de la télévision et de la radio, empêché toute parution de journaux d’opposition et fait saisir son matériel publicitaire. Dans ces circonstances les États-Unis et l’Union européenne ont refusé de reconnaître la légitimité du scrutin.

Loukachenko ajourne immédiatement le Parlement biélorusse. La police occupe alors le Parlement et emprisonne 89 des 110 députés considérés comme « déloyaux ». Un nouveau parlement composé de 110 pro-Loukachenko est mis en place. Ce coup de force est alors unanimement condamnée par la Communauté internationale ainsi que par les organisations des droits de l’Homme. Le premier ministre biélorusse et deux autres ministres démissionnent en forme de protestation, tout comme sept membres parmi les onze qui composent la Cour constitutionnelle. Ils sont remplacés par des pro-Loukachenko.

Il renforce son pouvoir en faisant fermer plusieurs journaux d’opposition, il augmente les pouvoirs du KGB (la Biélorussie est l’unique pays de l’ancienne Union soviétique à avoir gardé cette dénomination).

expresion

Liberté d’expression en Biélorussie

Au début de l’année 1998, la banque centrale russe suspend le commerce avec le rouble biélorusse ce qui entraine une forte dépreciation de celui-ci sur le marché des devises. Loukachenko prend alors le contrôle de la banque centrale biélorusse et ordonne que le taux d’échange soit remis au taux précédent gelant les comptes bancaires et réduisant l’activité des banques commerciales. Cela provoqua une panique. Loukachenko affirme depuis que les problèmes du pays viennent de « saboteurs économiques » aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’étranger. Trente fonctionnaires seront ainsi arrêtés et devront parader sur les chaines télévisés d’État, une centaine d’autres seront « punis ». Il reproche ensuite aux gouvernements étrangers de conspirer contre lui, c’est pour cela qu’en avril 1998, il expulsera les ambassadeurs des États-Unis, de Grande-Bretagne, de France, d’Allemagne, de Grèce, d’Italie et du Japon allant même jusqu’à méconnaître l’immunité que possèdent les bâtiments diplomatiques.

Bien que les ambassadeurs aient pu revenir, Loukachenko intensifiera ses attaques verbales contre l’Ouest. Il dépeint ses opposants politiques comme des faire-valoir des puissances étrangères qui lui sont hostiles. Il recommencera ses provocations en expulsant une délégation du FMI en les désignants « d’escrocs » ainsi qu’en affirmant que les pays occidentaux ont conspiré aux Jeux Olympiques de Nagano au Japon pour limiter le nombre de médaillés biélorusses.

Dans une entrevue avec Markus Ziner pour une édition de décembre 1995 du journal allemand Handelsblatt, Loukachenko a créé une nouvelle polémique internationale en faisant l’éloge de Hitler.

« L’histoire de l’Allemagne est d’une manière ou d’une autre une copie de l’histoire de la Biélorussie sur certains points. Au moment où l’Allemagne s’est relevée grâce à de solides ouvriers. Tout ce qui est lié à Adolf Hitler n’est pas mauvais. Rappelez-vous sa politique en Allemagne. L’autorité allemande s’était accrue pendant des siècles. Sous Hitler ce processus a atteint son point culminant. C’est parfaitement en conformité avec notre vision d’une république présidentielle et du rôle de son président. Je veux souligner qu’un homme ne peut pas être tout noir ou tout blanc. Il y a des côtés positifs aussi. L’Allemagne est sortie des ruines par le passé avec l’aide d’une force présidentielle forte. L’Allemagne s’éleva grâce à cette force, grâce au fait que toute la nation était unie autour de son chef. Aujourd’hui nous passons par une période semblable, quand nous devons nous unir autour d’une personne ou un groupe de personnes afin de survivre, tenir le coup, et rester droit dans nos bottes… » (Handelsblatt, décembre 1995)

Second mandat présidentiel

Le premier mandat présidentiel devait s’achever en juillet 1999 mais il est prolongé jusqu’en septembre 2001 suite au référendum de 1996. Les thèmes de la campagne présidentielle de Loukachenko sont largement similaire à celle de 1994 : contrôle de l’économie, partenariat avec la Russie, fort pouvoir présidentiel pour maintenir l’ordre, opposition à l’élargissement de l’OTAN vers l’Est, opposition aux modèles démocratiques qu’incarnent les pays occidentaux et ainsi une opposition à l’idée de toute relation priviligiée avec l’un des pays occidentaux. Son opposant est Ouladzimir Hantcharyk. L’élection se tient le 9 septembre 2001 et Loukachenko la remporte dès le premier tour. Cependant l’OSCE déclare que cette élection ne respecte pas les standards internationaux. De même les organisations des droits de l’Homme jugent que l’opposition a été systématiquement harcelée et n’a pu accéder aux médias contrôlés par l’État. Les gouvernements occidentaux critiquent également cette élection alors que la Russie félicite publiquement Loukachenko après sa réélection.

Malgré de larges critiques, Loukachenko rejette les reproches qui lui sont faits à propos de sa politique autoritaire, en affirmant être la seule alternative à l’instabilité. À cause de sa manière de gouverner, il est souvent officieusement désigné bats’ka, ce qui est littéralement traduit par (petit) père, mais le mot signifie aussi chef de clan dans l’histoire des peuples slaves.Il est élu président du Comité olympique biélorusse,[réf. nécessaire] ce qui contrevient à une règle du CIO interdisant à de hauts fonctionnaires d’occuper un tel poste.

800px-Belarus-Minsk-Opposition_Protests_2006_03_19

Protestations de l’opposition le 19 mars 2006

Élection présidentielle de 2006

Loukachenko a été réélu pour cinq ans le 19 mars 2006 avec 82,6 % des voix au terme d’une élection jugée « non conforme aux normes internationales » et non démocratique par l’OSCE. Le Conseil de l’Europe a pour sa part qualifié l’élection de « farce électorale ». La mission d’observation de la Communauté des États indépendants a cependant qualifié le scrutin présidentiel de transparent et d’ouvert. Cette élection était à haut risque pour Loukachenko qui craignait une « révolution » calquée sur les modèles ukrainien et géorgien.

Troisième mandat présidentiel

En 2007, il tient des propos jugés antisémites par Tzipi Livni, la ministre des Affaires étrangères d’Israël à propos de la ville de Bobrouïsk, considérant que la ville est dégoutante parce qu’elle a un passé juif.

Le 21 mai 2007, Alexandre Loukachenko rencontre Mahmoud Ahmadinejad et soutient le programme nucléaire iranien.

Famille

Son fils aîné Victor est membre du Conseil de sécurité de Biélorussie et son fils cadet Dmitri occupe le poste de chef du club présidentiel sportif et a préparé la participation des sportifs biélorusses aux Jeux Olympiques d’été de 2008 à Pékin.

Selon certaines rumeurs il avait eu un dernier enfant en 2004, Kolia, dont la mère serait Irina Abelskaïa qui a longtemps été le médecin personnel du président. Alexandre Loukachenko avait eu l’occasion de déclarer “Je l’ai déjà dit, mon plus jeune fils deviendra président”, de fait, Kolia l’accompagne en certaines occasions tel qu’une visite à Vladimir Poutine, une autre au Pape, ou encore un exercice militaire.

Actuellement en fonction

Alexander_Lukashenko_2007

  • Mandat
  • Président de la République de Biélorussie
  • Depuis le 20 janvier 1994
  • Élu le 10 juillet 1994
  • Réélu le 9 septembre 2001
  • Réélu le19 mars 2006
  • Parti politique Communistes pour la démocratie
  • Prédécesseur Ivanovitch Grib
  • Biographie
  • Nom de naissance Aleksandr Grigorievitch Loukachenko
  • Naissance 30 août 1954
  • Kopys (Voblast de Vitebsk, RSS de Biélorussie, (URSS)
  • Conjoint(s) marié
  • Enfant(s) Victor et Dmitri
  • Diplômé Académie agricole de Biélorussie

lou-Pou 18-02-05

La Biélorussie apparaît aujourd’hui comme le dernier rempart. Un rempart solide puisqu’il a déjà résisté par deux fois à des tentatives de renversement. Cependant, il est certain que Vladimir Poutine cherche dès à présent des moyens de renforcer encore la capacité de résistance de ses alliés.

Mede

Les présidents russe et biélorusse. Depuis la chute de l’URSS : Moscou soutient le régime totalitaire et ubuesque d’Alexandre Loukachenko.

Opposition

Mink sak

Milinkevich reçoit le prix Sakharov du Parlement Européen par Josep Borrell

kozouline-veut-dire-adieu-femme-L-1

Alexandre Kozouline, un des leaders de l’opposition biélorusse, se voit refuser par les autorités judiciaires et pénitentiaires de son pays le droit d’assister à l’enterrement de sa femme.

oppo

Biélorussie : campagne électorale 2006 « Tous les animaux sont égaux, mais certains animaux sont plus égaux que d’autres » disait George Orwell dans La Ferme des animaux, pamphlet contre la dictature soviétique en 1944.

Cette maxime est malheureusement toujours d’actualité en Biélorussie, dirigée par le dernier dictateur populiste et soviétisant Alyaksandr Lukashenko, pourtant élu démocratiquement en 1994.

Biélorussie Histoire d’un Pays

La Biélorussie

Introduction

byrond

La Biélorussie est un des derniers États de l’Europe à s’être constitué comme nation, comme les Biélorusses eux-mêmes n’ont été considérés qu’à partir du XXe siècle comme un véritable peuple. Ainsi les différentes appellations usitées au cours des siècles (Ruthénie, Russie blanche et Bélarus entre autres) indiquent une foncière incertitude d’identité et de statut du pays, incertitude toujours sensible.

Bien que la principauté de Polotsk médiévale puisse être considérée comme la première forme d’État biélorusse, par la suite le pays a toujours été incorporé à de grandes puissances qui lui ont souvent imposé leur culture de manière autoritaire : le Grand-Duché de Lituanie, ensuite l’Empire russe et enfin l’Union soviétique. Depuis la chute de celle-ci en 1991, la Biélorussie est indépendante et sa souveraineté est reconnue mondialement.

Des origines à la principauté de Polotsk

polotsk

La principauté de Polotsk (en orange), à l’intérieur de la Rus’ de Kiev

Les historiens font débuter l’histoire du pays au VIe siècle. Depuis cette époque et jusqu’au VIIIe siècle, le territoire de ce qui deviendra la Biélorussie est envahi par des tribus protoslaves, elles-mêmes repoussées par des envahisseurs orientaux tels que les Mongols. Les peuplades autochtones baltes, finno-ougriennes et nomades qui occupent les plaines sont rapidement assimilées. Les premiers Slaves vivent de l’agriculture et du commerce de leurs produits agricoles, de la fourrure, de la cire, du miel et de l’ambre. Ils sont païens.

Les principales tribus, les Krivichs, les Drégovichs et les Radimichs créent du VIe siècle au XIIe siècle plusieurs États primitifs. Ces États commercent avec les Vikings qui installent du IXe siècle au Xe siècle des comptoirs entre la Scandinavie et l’Empire Byzantin.

À cette époque, Xe siècle, naît dans la partie Sud un nouvel État qui accroît rapidement sa puissance, la Rus’ de Kiev. Celle-ci domine plus ou moins les tribus biélorusses, mais les vastes marais de Pinsk maintiennent l’isolement des tribus des Kiéviens.

Les tribus biélorusses, sous l’influence kiévienne, s’organisent en plusieurs États, comme les principautés de Vitebsk, de Minsk ou de Mstsislaw. La principauté de Polotsk, qui émerge au IXe siècle, se pose rapidement comme l’État majeur de la région. Il s’étend d’abord autour de la ville de Polotsk, au nord du pays, et prend ensuite peu à peu, lorsqu’il soumet les autres principautés, la forme approximative de la Biélorussie. Les princes de Polotsk, pourtant devenus puissants, acceptent progressivement, au cours des Xe et XIe siècles, la suzeraineté de la Rus’ de Kiev. Néanmoins, les marais de Pinsk leur garantissent toujours une certaine autonomie.

La domination lituanienne

La principauté de Polotsk est définitivement rattachée au grand-duché de Lituanie en 1307, puis elle est remplacée par les voïvodes de Polotsk, Minsk, Vitebsk, Smolensk, Mstsislaw, Brest et Navahrudak. Ces voïvodes sont à l’origine du découpage administratif et des frontières de la Biélorussie.

Loin d’opprimer leurs peuples vassaux, les grands-ducs lituaniens, qui régentent également la majeure partie de l’Ukraine, laissent beaucoup de droits aux Slaves. Ainsi la religion orthodoxe maintenue, continue à se répandre à l’intérieur du grand-duché, alors que celui-ci est avant tout catholique ; les langues slaves, alors appelées ruthènes, sont employées par l’administration et s’épanouissent jusqu’à former les biélorusse et ukrainien actuels.

Biblia_Ruska

Couverture de la Bible de Francysk Skaryna

Union de la Pologne et de la Lituanie

Le traité de Lublin, signé en 1569, scelle l’union entre le royaume de Pologne et le grand-duché de Lituanie. Les deux États tout en conservant une administration propre, se réunissent à l’intérieur de la République des Deux Nations, alors le plus grand État multinational d’Europe et une puissance de premier plan.

Les Polonais dominaient tout de même la république, en raison surtout de leur prépondérance quantitative. Ils possédaient 134 sièges au Parlement, les Lituaniens n’en possédant que 46. La domination polonaise se manifestait en Biélorussie, et les villes attiraient de nombreux artisans polonais, qui finissaient généralement par devenir maîtres des conseils. Elles attirèrent ensuite des Juifs et des Allemands ; les Biélorusses, appelés alors « Ruthènes », restèrent en revanche attachés à l’agriculture, travaillant généralement sur les terres d’un szlachta, originaire de Pologne ou de Lituanie ou d’un boyard, venu de Russie.

Certains seigneurs étaient néanmoins d’origine ruthène, comme les familles Sapieha et Radziwill, parfois très riches et possédant des terres à l’extérieur de la république. D’autres Ruthènes, des paysans qui regrettaient leur ancienne liberté sous le grand-duché de Lituanie, quittèrent leur pays et vinrent s’installer près de Zaporojie, au sud de l’Ukraine, chez les Cosaques.

Le polonais devint la seule langue officielle en 1696 pour être alors la langue des classes aisées lituaniennes et biélorusses. Les langues minoritaires furent tout de même protégées et leur pérennité préservée par la création de l’Académie de Vilna en 1579 et par l’établissement de nombreuses imprimeries.

Battle_of_Warsaw_1656

La bataille de Varsovie en 1659

L’Empire russe

Bat Moguilev

La bataille de Moguilev

Au XVIIIe siècle, la Biélorussie commença une nouvelle période de son histoire, celle de la domination russe. En effet, la république, totalement ruinée et livrée à l’anarchie, fut répartie entre les grandes nations lors des Partages de la Pologne. En 1772, les villes de Polotsk, Vitebsk et Gomel ainsi que toutes les terres à l’est de la Daugava et du Dniepr sont rattachées à l’Empire russe. Plus tard, en 1793, ce sont Minsk et les terres à l’est de la ligne Daugavpils-Rivne qui sont incorporées, et la Russie récupère la Lituanie ainsi que le reste de la Biélorussie en 1795.

La Biélorussie est russifiée peu de temps après son acquisition et l’administration impériale la divise en quatre gouvernements, Minsk, Vitebsk, Moguilev et Hrodna.

Le pays n’est pas épargné par la Campagne de Russie en 1812 et les Biélorusses, en dépit de l’exemple russe, se montrent souvent favorables à l’occupation napoléonienne. En effet, les paysans voient dans l’invasion la fin du servage et les nobles éclairés adhèrent aux idées de Napoléon Ier. Ainsi, des Biélorusses intègrent l’armée française, qui remporte victorieusement en Biélorussie les batailles de Moguilev, d’Ostrovno, de Klyastitsy et si les Russes gagnent la Première bataille de Polotsk, c’est une victoire stratégique de Napoléon Ier.

Napoleons_retreat_from_moscow

Napoléon lors de la « Bérézina »

À son retour de Moscou, l’armée impériale connaît par contre en Biélorussie quelques-uns des pires échecs de sa retraite. Après avoir perdu la Seconde bataille de Polotsk, la bataille de Czasniki, la bataille de Smoliani, elle est anéantie par la bataille de la Bérézina, qu’elle gagne pourtant, puisque les soldats franchissent finalement le fleuve.

La Biélorussie est ensuite rapidement reconquise par les Russes, ils trouvent un pays dévasté par la guerre, dont la population a été encore une fois décimée.

Les tsars Nicolas Ier et Alexandre III s’employèrent à continuer la russification de la Biélorussie. La première mesure fut d’interdire l’enseignement du polonais dans les gouvernements de Vitebsk et de Moguilev en 1835. En 1839, l’unification des Églises ruthènes au Patriarcat de Moscou consacra définitivement l’implantation de la culture russe, par la religion orthodoxe. Cette unification provoqua néanmoins le mécontentement des paysans ruthènes, mais ceux-ci, peu organisés, restèrent passifs.

La première insurrection nationaliste polonaise a lieu en 1830, mais les paysans biélorusses restent majoritairement passifs et les nobles qui se sont soulevés sont rapidement remplacés par des Russes.

Les années 1830 virent pourtant l’émergence de courants nationalistes biélorusses et lituaniens. Cependant, la transmission des idées se faisait par la publication de textes, imprimés à Vilna ou à Saint-Pétersbourg, et les Ruthènes étaient en très grande majorité illettrés. En 1897, 77 % des Biélorusses étaient encore analphabètes. De plus, l’administration russe est consciente des risques de rébellion et fait par exemple arrêter 203 étudiants biélorusses et lituaniens saint-pétersbourgeois en 1849. Les publications littéraires en biélorusse sont censurées en 1859 et en 1863, la totalité des écrits en ukrainien, biélorusse et lituanien sont interdits.

Les Biélorusses restent encore très longtemps un peuple rural ; la bourgeoisie et les habitants des villes sont majoritairement russes, tout comme les seigneurs. Alors que la Pologne et la Lituanie connaissent un essor industriel et une croissance démographique significative, la Biélorussie reste peu peuplée et compte seulement quelques usines.

Kramskoy_Alexander_III

Le Tsar Alexandre III, portrait par Ivan Kramskoï (1886)

Powstanie_Styczniowe_symbol

Powstanie, le blason du Soulèvement de 1861

Le blason du Soulèvement de 1861 reprend les symboles des trois peuples rebelles ; l’aigle blanc polonais, le Vytis lituanien et l’archange Michel pour la Ruthénie. De nouvelles révoltes secouent la Biélorussie, la Lituanie et la Pologne en 1861. Elles sont conduites par les élites indépendantistes et par des mouvements clandestins, qui ont généralement pour idéal la fondation d’un État indépendant qui regrouperait les trois peuples à l’intérieur des frontières de 1772, avant les partages de la Pologne.

Les révoltes sont contenues par les Russes, mais le tsar Alexandre II lance la même année des réformes sociales pour contenter ses sujets rebelles. La plus grande est l’abolition du servage, qui reçoit d’abord un bon accueil de la part des paysans biélorusses, mais qui apparaît rapidement comme inutile, car les paysans ne peuvent pas acheter les terres qui appartiennent encore aux grands seigneurs et ils sont toujours soumis aux volontés des plus riches. Les seigneurs polonais, sensibles à l’éveil nationaliste, sont même pénalisés par cette réforme, et l’essor progressif de Minsk, peuplée en grande partie de Russes, signe la fin de la suprématie de Vilna, berceau nationaliste, dans la région.

Les courants nationalistes biélorusses continuent néanmoins à se renforcer et la censure est contournée par les écrivains nationalistes, parmi lesquels Kastus Kalinowski, Jan Czeczot et Wladyslaw Syrokomla. Un nouveau soulèvement est d’ailleurs fomenté par les intellectuels biélorusses de 1863 à 1864, mais il échoue. À partir de la fin du XIXe siècle, l’industrialisation commence à se faire sentir et permet aux courants nationalistes de se renouveler. En effet, l’exode rural signifie que les villes commencent à avoir une population biélorusse qui a désormais accès à la propagande nationaliste. Celle-ci se tourne d’ailleurs rapidement vers les courants socialistes qui prônent la fin de la dictature de la noblesse et de la bourgeoisie, donc la fin des Russes en Biélorussie. En 1898 est d’ailleurs fondé à Minsk le Parti ouvrier social-démocrate de Russie, premier parti socialiste russe, puis en 1902 la Gronada, premier parti biélorusse. La part des ouvriers sur la population totale de la Biélorussie reste néanmoins encore assez faible ; en 1900, il y avait 24 000 ouvriers sur environ sept millions de Biélorusses.

De la première indépendance à 1939

Contrairement aux autres guerres que la Biélorussie connut au cours de son histoire chaotique, la Première Guerre mondiale contribue à l’autonomie du pays. La Russie, peu préparée à une attaque allemande, perd rapidement une grande partie de la Biélorussie. Les Allemands, soucieux d’y créer un sentiment anti-russe et anti-polonais qui leur permettrait d’avoir des partisans parmi la population, attisent le nationalisme biélorusse et laissent la liberté aux Biélorusses de créer leurs propres écoles et d’enseigner leur propre langue.

Le Traité de Brest-Litovsk, demandé par les bolcheviks qui viennent d’accéder au pouvoir en Russie, permet aux Allemands d’annexer de vastes territoires qui appartenaient autrefois à l’Empire russe, dont la Biélorussie. Ils laissent à celle-ci une certaine autonomie et font croire aux nationalistes biélorusses qu’ils sont libres ; en réalité, le pays, qui est déjà dévasté par la guerre, est pillé par l’Allemagne.

Le gouvernement de la République populaire biélorusseLe 25 mars 1918, des représentants de partis politiques et d’associations indépendantistes se réunissent à Minsk, profitant de la liberté que leur octroie l’occupant, et proclament la République populaire biélorusse. Cet État s’inspire des idéologies socialiste et nationaliste. La république ne parvient cependant jamais à contrôler la totalité du territoire et est balayée en 1919 par les nolcheviks, lorsque les troupes allemandes quittent le territoire. À la place est créée, le 2 janvier 1919, une République socialiste soviétique de Biélorussie.

Un mois plus tard, cet État s’effondre et sa partie orientale rejoint la République socialiste fédérative soviétique de Russie, alors que l’ouest s’ajoute à la République socialiste soviétique de Lituanie pour former ensuite la République socialiste soviétique lituano-biélorusse, surnommée Litbel. La république, héritière de la guerre et de luttes intestines, était faible et les deux puissances voisines, la Pologne et la Russie la convoitaient fortement.

Les deux pays envahirent la Biélorussie et les Russes conquirent Minsk le 5 janvier 1919, alors que les Polonais forcèrent la dissolution de la Litbel en août 1919.

800px-Government_of_BNR

Le gouvernement de la République populaire biélorusse

Alors que la République populaire biélorusse existait encore, les Russes proclamèrent la République socialiste soviétique biélorusse le 1er janvier 1919 à Smolensk et ils l’agrandirent au fur et à mesure de leurs conquêtes sur la Litbel. Le partage définitif de la Biélorussie fut établi le 18 mars 1921 par le Traité de Riga, qui mettait fin à la Guerre russo-polonaise.

En décembre 1922, la RSFS de Russie, la RSSF de Transcaucasie, la RSS d’Ukraine et la RSS de Biélorussie fondent l’URSS. L’Union soviétique encourage en premier la transmission de la langue et de la culture biélorusses, la protection de la culture était par ailleurs un des objectifs de Lénine. Mais l’administration, sous l’impulsion de Staline, contraint rapidement les populations biélorusses à ne parler que le russe et à renoncer à leur culture ; le gouvernement polonais applique lui aussi des dispositions similaires aux Biélorusses de Pologne, afin d’éviter toute révolte ou sécession.

La scolarisation massive des enfants favorisa fortement la disparition de la langue biélorusse, tout en élevant largement le niveau de vie de la population. En 1926, 70 % des enfants biélorusses étaient scolarisés.

Les Purges staliniennes, lancées au milieu des années 1930, vont accélérer l’interdiction de l’idéologie nationaliste biélorusse. Entre 1937 et 1939, plus de 370 intellectuels de langue biélorusse ont disparu ; la Biélorussie perd donc presque toute son élite, qui avait pourtant participé aux mouvements socialistes et à l’instauration de la république soviétique. La protection de la langue biélorusse était considérée par Staline du « nationalisme bourgeois ».

En même temps, la Biélorussie trouve progressivement ses frontières. En 1924, elle est agrandie des régions de Vitebsk et de Moguilev, qui faisaient auparavant partie de la Russie, puis de la région de Gomel en 1926.

800px-Flag_of_the_Byelorussian_SSR_(1937)

Le drapeau de la République socialiste soviétique biélorusse adopté en 1937

La Seconde Guerre mondiale

Soviet_guerilla

Des Résistants biélorusses en 1943

1944_minsk_city_soviet_infantry_mounted_on_tanks

Minsk à la Libération

Le Pacte Molotov-Ribbentrop, signé le 23 août 1939 entre l’URSS et l’Allemagne nazie, rapprochait les deux puissances et leur permettait d’envahir la Pologne selon un partage précis. La partie orientale de la Pologne revint ainsi à la RSS de Biélorussie. Mais la paix ne dura que deux ans et, le 22 juin 1941, l’Allemagne attaqua l’URSS. La Biélorussie ne résista pas longtemps et, après avoir été en partie évacué, son territoire tomba en totalité sous contrôle nazi en août 1941.

Les nazis créèrent aussitôt un gouvernement biélorusse, la Rada biélorusse centrale, qui reprenait des principes de la République populaire biélorusse et s’appuyait sur un nationalisme exacerbé. Ce gouvernement était faible et entièrement soumis à Berlin ; il servait surtout à faire appliquer un régime de terreur et de répression. Environ 700 villages furent brûlés, parfois avec leurs habitants, et des milliers de personnes furent tuées ou déportées sous l’administration de la Rada, qui n’avait pas le soutien de la population locale. La Biélorussie était avant la guerre un des pays ayant une des plus grandes diasporas juives, les Juifs biélorusses furent donc presque totalement décimés dès 1942. Le pays comptait par ailleurs plusieurs ghettos, dont celui de Lakhva, célèbre pour la révolte contre les nazis qui s’y déroula en 1942.

Face à ces atrocités, des mouvements de résistance émergèrent. Les résistants profitaient des forêts et des marais biélorusses pour se cacher et menaient des actions parfois efficaces et victorieuses, qui consistaient généralement à détruire les voies ferrées, les ponts, les lignes de télégraphe, les dépôts de carburant… On dénombre environ 50 000 résistants membres de groupes communistes, aidés par 30 000 autres résistants.

Pour lutter contre la guérilla, les nazis devaient mobiliser des moyens considérables, alors que sur le front de l’Est, ils devaient mener une guerre acharnée contre les Soviétiques, qui reprenaient de plus en plus de terrain. L’Opération Bagration, qui avait pour but de libérer la Biélorussie, débuta le 22 juin 1944 et poussa les Allemands à créer la 30e division SS de grenadiers, majoritairement composée de Biélorusses et appuyée par la Rada, le 18 août 1944. Cette mesure fut dérisoire, car la majeure partie du pays était déjà libérée; Minsk, par exemple était libre depuis le 3 juillet 1944.

La libération, l’heure du constat fut particulièrement noire pour la Biélorussie. En effet, la guerre avait une fois de plus dévasté le pays ; la Biélorussie avait perdu 1,3 million d’habitants, soit un quart de sa population d’avant-guerre, et la majeure partie de son élite intellectuelle. La production industrielle en 1943 ne représentait que 10 % de celle de 1940. Environ 9 200 villages avaient disparu et 209 villes sur 270 réduites en ruines. Minsk et Vitebsk avaient ainsi été détruites à plus de 80 %. Minsk fut d’ailleurs déclarée Ville héroïque et la forteresse de Brest Forteresse héroïque.

De 1945 à 1991

Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, les autres puissances victorieuses promirent à Staline des initiatives pour compenser les pertes dues au conflit. Ainsi, lorsque l’Organisation des Nations unies est créée le 26 juin 1945, la RSS d’Ukraine et la RSS de Biélorussie sont considérées comme des membres fondateurs et disposent d’une voix à l’Assemblée générale. Les États-Unis ne voyaient là qu’un moyen pour les Soviétiques d’avoir plus de présence qu’eux au niveau international et deux voix ont été ajoutées à ce dernier État en compensation.

En 1945, la Biélorussie se vit également donner ses nouvelles frontières – toujours celles de l’État au XXIe siècle commençant -, c’est-à-dire celles d’avant-guerre réduites par la perte de la région de Bialystok, peuplée majoritairement de Polonais.

La guerre avait été si éprouvante pour la population et la résistance tellement forte, que son souvenir marqua profondément dès la Libération la culture biélorusse, notamment par un rite nouveau : un couple qui vient de se marier va déposer traditionnellement une gerbe sur un monument aux morts.

La place de la Gare à Minsk, un des symboles de la reconstruction. L’économie biélorusse avait également gravement souffert de la guerre ; la plupart des usines déplacées en Russie ne revinrent pas et la reconstruction du pays s’annonçait donc difficile.

Moscou créa donc d’immenses entreprises, afin de transformer la Biélorussie en un grand centre industriel. Ces entreprises, qui existent encore, sont majoritairement orientées vers la construction automobile ; ainsi, à Minsk, fut construit une des plus grandes usines de tracteurs de l’Union, et à Jodzina, une des plus grandes usines de camions. Les résultats de cette politique se firent sentir rapidement et la Biélorussie devint bientôt une terre d’immigration pour les Russes. C’est aussi à cette époque que disparaît l’analphabétisme.

Le progrès social que le régime communiste apporta au pays est sans doute la source du très fort attachement que montrent les Biélorusses à celui-ci. Lors de la Perestroïka, au cours des années 1980, ils se montrèrent généralement hostiles aux réformes libérales et sont souvent considérés par les autres peuples de l’URSS comme le peuple le plus soviétique de l’Union. Ales Adamovitch, un écrivain biélorusse, qualifie même son pays de « Vendée de la Perestroïka ».

Bien que la découverte en 1987, à Kurapaty, près de Minsk, d’un charnier contenant les corps d’au moins 30 000 victimes des Grandes Purges, a bouleversé de nombreuses personnes, elle ne nuit pas à l’attachement des Biélorusses au communisme. Zianon Pazniak, qui est à l’origine de cette découverte, fonde tout de même le Front populaire biélorusse en 1989. Ce parti démocratique est le principal artisan de la défense de la culture et de la langue biélorusses, puis de l’indépendance du pays.

Le 26 avril 1986, la centrale nucléaire ukrainienne de Tchernobyl explosa. Le site était proche de la frontière biélorusse et le vent venu du sud propagea rapidement des poussières radioactives sur l’ouest de la Russie, la Scandinavie et la Biélorussie. Cette dernière fut le pays le plus touché par la catastrophe, considérée comme le pire accident nucléaire de l’histoire. En effet, la Biélorussie reçut près de 70 % des retombées radioactives, qui contaminèrent un quart du pays (50 000 km2) où vivaient 2,2 millions d’habitants ; 24 700 Biélorusses furent déplacés et le taux de cancers de la thyroïde est encore très élevé dans le pays au début du XXIe siècle, surtout chez les enfants.

600px-Flag_of_Byelorussian_SSR

Drapeau de la RSS de Biélorussie, adopté après la guerre

800px-Belarus-Minsk-Railway_Station_Square-4

La place de la Gare à Minsk, un des symboles de la reconstruction

800px-Kurapaty_1989_meeting

Manifestation à Kurapaty en 1989

Depuis 1991

Après l’Ukraine, la Lettonie et la Russie, la Biélorussie déclara sa souveraineté nationale le 27 juillet 1990, ce qui constitua un premier pas vers l’indépendance. La RSS de Biélorussie fut nommée officiellement République de Biélorussie le 25 août 1991. Dans le même temps, Stanislaw Chouchkievitch devenait président du Soviet suprême de Biélorussie, l’instance la plus élevée du pays. Le 8 décembre de la même année, il rencontra près de Brest les dirigeants russes et ukrainiens Boris Eltsine et Leonid Kravtchouk ; ils déclarèrent ensemble la dissolution officielle de l’URSS et la création de la Communauté des États indépendants, qui a par ailleurs son siège à Minsk.

Les premières années de la Biélorussie indépendante furent d’abord marquées par un enthousiasme des milieux nationalistes et libéraux, mais aussi par l’hostilité du reste de la population. Celle-ci restait toujours très attachée au communisme, et le Front populaire biélorusse, principal parti libéral, n’obtint que 22 sièges sur 485 aux premières élections législatives. Les réformes libérales lancées par le président ne purent finalement jamais aboutir, et le soviétisme survit à la chute de l’Union soviétique en Biélorussie.

Le pays abandonna néanmoins son drapeau et ses armes datant de l’époque soviétique pour des symboles plus historiques et nationalistes ; le Pahonie et le drapeau blanc, rouge, blanc, qui évoquent tout deux la principauté de Polotsk et la République populaire biélorusse. Le biélorusse, devenu la seule langue officielle, fut largement plébiscité par la population.

475px-Pahonia

Le Pahonie, armoiries de la Biélorussie de 1991 à 1995 et héritage médiéval du pays