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Biélorussie Histoire d’un Pays, 1986

La Biélorussie

1986 Tchernobyl

Tchernobyl en image 

La Catastrophe minute par minute

L’accident

Le 26 avril 1986, le réacteur n°4 est entièrement détruit par une explosion suivie d’un incendie au cours d’un essai de fonctionnement à faible puissance. Cette catastrophe est due, non seulement aux défauts de conception du réacteur, mais également aux erreurs du personnel, insuffisamment formé, et à la procédure de contrôle de fonctionnement, incomplète et imprécise.

Afin de tester le refroidissement du cœur, la puissance du réacteur est réduite le faisant ainsi travailler dans une zone de fonctionnement instable. Ignorant les signaux d’arrêt d’urgence émis par le système de sécurité, le personnel continue l’essai. Les vannes d’admission de la turbine sont fermées, en violation de la procédure normale, entraînant une augmentation de la pression de la vapeur. Les barres de contrôle descendent automatiquement mais sans effet notable.

Le chef opérateur ordonne alors l’arrêt d’urgence et fait descendre la totalité des barres sans parvenir à stopper l’emballement du réacteur. En quelques secondes, le réacteur atteint une puissance de l’ordre de 100 fois sa valeur nominale provoquant l’échauffement du fluide caloporteur (eau courante) et une détérioration du combustible.

L’eau, qui ne parvient plus à évacuer la chaleur, se vaporise en une fraction de seconde et produit une explosion de chaleur qui détruit le réacteur. La partie supérieure du réacteur est à l’air libre. Le graphite, porté à haute température, s’enflamme alors. Les nombreux foyers d’incendie et l’absence d’enceinte de confinement favorisent la dispersion dans l’atmosphère de produits radioactifs.

Explosions et incendies se multiplient pendant plus de 10 jours et plus de 5 mois seront nécessaires pour arrêter le rejet de matières radioactives.

explosion

centrale

L’explosion de la centrale No 4

Le « nuage » de Tchernobyl

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La carte des zones de retombées radioactives

Suite à l’explosion du réacteur n°4, un incendie s’est déclaré provoquant un panache de fumée de produits de fission et de débris radioactifs provenant du cœur du réacteur et du bâtiment.

Les débris les plus lourds se sont rapidement déposés à proximité du site mais les composants les plus légers (ces composants sont principalement des produits de fission et des gaz rares) ont été entraînés au gré des vents sur toute l’Europe, constituant le « nuage » de Tchernobyl.

Après être montés à près de 2000 m d’altitude, les gaz radioactifs ont formé trois ‘nuages’ : vers la Scandinavie, l’Europe Centrale et les Balkans selon la direction des vents. La Biélorussie située au nord de Tchernobyl est probablement un des pays où la radioactivité a été la plus grande.

Depuis avril 1986, de nombreuses études ont été menées dans les pays touchés par les retombées de l’accident. Elles visent principalement à évaluer les conséquences radiologiques, dosimétriques et sanitaires des retombées de Tchernobyl.

Celles-ci ont été essentiellement constituées par les éléments volatiles : Krypton, Xénon, Iode, Césium, notamment Césium 137 qui est responsable de la majeure partie des expositions actuelles ou futures. Les isotopes lourds à longue demi-vie (Plutonium ou Strontium) ne sont pas très volatiles.

C’est durant le mois de mai que cette grande quantité d’éléments radioactifs est retombée sur l’Europe. Le nord de l’Ukraine, la Biélorussie (70% des retombées) ont été les régions les plus contaminées.

La Pologne et la Tchécoslovaquie ont été particulièrement contaminées aussi et à un degré moindre l’Allemagne, la France, la Suisse et l’Italie.

La « zone des trente kilomètres »

Après l’explosion de Tchernobyl, une zone d’exclusion de 4000 km² a été définie autour de la centrale. Ce périmètre, encore interdit à toute habitation et pratiques agricoles, comprend un cercle d’un rayon de trente kilomètres autour du site de Tchernobyl, dit « zone des trente kilomètres », où l’activité des sols atteint plusieurs millions de becquerels par mètres carré.

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Zones d’exclusion

Cette carte de la contamination du césium-137 montre la zone d’exclusion autour du réacteur de Tchernobyl définie par un cercle de 30 kilomètres de rayon.

Du 2 au 6 mai 1986, des milliers de personnes habitant dans ce périmètre très contaminé furent sommées d’abandonner leurs biens et évacuées vers des lieux d’accueil plus ou moins provisoires. Au total, 130 000 personnes furent évacuées, dont les 48000 habitants de la ville de Prypiat à proximité immédiate du réacteur.

La zone d’exclusion englobe la ville de Tchernobyl, située à 12 km de la centrale et 74 hameaux. Aujourd’hui, 400 personnes, souvent âgées, sont revenues à Tchernobyl et des centaines d’autres travaillent encore à la centrale qui reçoit de nombreux visiteurs.

À Prypiat même, comme dans les premiers 10 km autour de la centrale, le contrôle est absolu et personne n’est autorisé à y habiter. Au-delà, sont interdits toute production agricole, tout transit de personnes et de marchandises.

Les liquidateurs

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Contamination

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Liquidateur est le nom que le gouvernement soviétique avait donné aux hommes dont la tâche était littéralement de liquider l’accident nucléaire, de faire disparaître toute trace de celui-ci: qui de ramasser les déchets nucléaires, qui de nettoyer la zone irradiée, qui de préparer les repas, qui de mesurer les niveaux de radiation, qui de remplir des sacs de sable, qui de laver les vêtements, qui de piloter les hélicoptères, etc.

Quoiqu’aucun chiffre exact n’existe quant à leur nombre, les autorités soviétiques n’ayant jamais divulgué cette information ou celle-ci n’existant tout simplement pas, celui-ci est estimé entre 500,000 et 1 million d’hommes et de femmes, mais de façon plus vraisemblable plus près du million, sinon plus, dépendant des sources d’information.

C’est le toit du réacteur no. 3 que l’on voit ici. Celui-ci était mitoyen au réacteur no. 4 qui avait explosé et dont les débris radioactifs jonchaient les alentours, dont ce toit. Les liquidateurs avaient pour tâche de ramasser à la pelle ces débris et de les jeter dans le trou béant du réacteur no. 4.

Après avoir enfilé leur protection de plomb, les hommes se lançaient sur le toit au son d’une sirène et en repartaient en courant 60 secondes plus tard au son de la même sirène afin d’être remplacés par une nouvelle équipe. À cause du poids de leur protection de plomd, les liquidateurs n’avaient le temps de ramasser que 2 ou 3 morceaux avec leur pelle pendant la minute qui leur était allouée.

Théoriquement, ils ne devaient jamais revenir sur le toit, ayant absorbé une dose maximum de radiations. Mais certains d’entre eux faussaient les données du taux de radiation que leur corps avait absorbé pendant ces 60 secondes afin de pouvoir retourner sur le toit, la prime versée par le gouvernement soviétique étant trop alléchante (la prime pouvait aller jusqu’à 5 fois le salaire normalement touché par ces hommes, sans compter les promesses faites par Moscou -mais qui ne furent jamais tenues- de primes supplémentaires tel qu’une auto, une ”datcha” (maison), etc.).

monument

Finalement, voici le monument qui a été installé sur les lieux mêmes de la centrale, tout juste à côté du sarcophage qui recouvre maintenant le réacteur no. 4.

Le « sarcophage »

The sarcophagus around Chernobyl reactor 1

Le « sarcophage » désigne la structure de béton et d’acier construite dans les sept mois qui ont suivi l’accident afin de reconstituer les parties détruites de la centrale de Tchernobyl et confiner ainsi les matières radioactives.

Lors de sa construction, le sarcophage a été équipé de différents systèmes, permettant de surveiller son comportement. Ainsi, des capteurs mesurent la température de la structure, sa stabilité ou encore la concentration interne d’hydrogène ; Par ailleurs, d’autres systèmes ont été mis au point pour diminuer les conséquences de toute nouvelle condition défavorable, comme un circuit de pompage permettant de retirer l’excédent d’eau dû à la non étanchéité du sarcophage.

Bâti pour une durée de 20 à 30 ans, le sarcophage présentait dès 1996 plusieurs faiblesses (ex. fragilité au niveau du toit). Face à ce constat, un programme d’actions d’une dizaine d’années a été mis en place en 1997 visant à réduire les risques présentés par le sarcophage, notamment le risque présenté par l’effondrement. Le financement de ce programme est assuré par le gouvernement ukrainien et par un fonds international. La Berd en assure la gestion.

Parmi les travaux déjà réalisés : la stabilisation de la cheminée de ventilation commune aux réacteurs 3 et 4 et le renforcement des poutres portant le toit du sarcophage. Un nouvel appel d’offre de la Berd pour construire un nouveau sarcophage sur le réacteur accidenté devrait être finalisé au premier semestre 2006.

Les pays les plus touchés par l’accident

Les pays les plus touchés par l’accident de Tchernobyl sont ceux qui ont subi les plus fortes retombées radioactives. Il s’agit de la Biélorussie (23% de son territoire touché), de l’Ukraine (7% de son territoire touché) et de la Russie (0,3% du territoire touché). 4000 km² de terres sont d’ailleurs encore interdits à toute habitation et pratiques agricoles, l’activité des sols étant trop élevée.

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La situation en Biélorussie

Situation

De ce point de vue, l’expérience de la Biélorussie est cruciale pour imaginer ce qu’il faudrait faire. Situé au nord de l’Ukraine, ce pays qui ne possède pas de centrale nucléaire, a reçu 70 % des retombées radioactives de l’explosion de 1986. Un million et demi de personnes vivent dans des zones où les sols présentent une radioactivité supérieure à 37 000 becquerels (Bq) par m2. Cela se traduit par une morbidité importante.

La Biélorussie est le territoire qui a subi la plus grande partie des retombées radioactives de l’accident de Tchernobyl (70 % du terme source). Cette contamination concerne un quart de son territoire et près de 2 millions de personnes. Les territoires contaminés sont classés suivant 4 niveaux en fonction des densités de contamination des sols. La gestion nationale des conséquences de l’accident de Tchernobyl (aide financière, politique de relogement, etc.) dépend ensuite du statut d’appartenance du territoire considéré.